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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 07:00

apocalypse-bebe-virginie-despentes.jpgLucie, femme fade et sans motivation, approche de la quarantaine. Elle s'est toujours laissée porter par la vie et se retrouve donc à exercer son métier sans passion. Employée dans une boîte de détectives, elle est affectée à la surveillance des ados. Tout se passe tranquillement pour elle, jusqu'au jour où la fille qu'elle surveille, Valentine Galtan, disparaît.

 

Sa grand-mère, sorte d'ogresse autoritaire et manipulatrice, la charge tout de même de retrouvée Valentine, non sans avoir passé un savon à la boîte et à Lucie. Dans un sursaut, et pour impressionner un peu ses collègues, la détective va demander la collaboration de la Hyène.

 

Derrière ce surnom se cache une drôle de femme. Lesbienne, dealeuse, spécialiste du renseignement, ayant travaillé dans le recouvrement de créance, sadique quand elle le décide. Mais ultra-connue dans le milieu. Lucie est donc tout étonnée quand elle accepte de travailler avec elle.

 

Les voilà donc lancées sur la piste de Joséphine. Mais dans ce mini-road movie ce qu'elles découvrent n'est pas la vérité entière et nue, telle que les différents personnages qu'elles vont croiser la connaissent...

 

*****

 

Apocalypse bébé est le premier roman de Virginie Despentes que je lis. De cette auteure, je ne connaissais que le buzz qu'il y avait eu autour de Baise-moi. Et puis l'émission Place de la toile en a parlé sur France Culture, car Internet est un des éléments du récit. Et puis il m'est passé entre les mains. Et puis voilà je l'ai lu.

 

Tout d'abord, je dois dire que je suis rentré assez vite dans le récit. Il n'y a aucune difficulté particulière. Quant aux scènes trash, elles sont plutôt rares et, malgré leur dureté, ne m'ont pas choqué. Pourtant, le sexe n'est pas doux chez Despentes, et la violence peut être assez extrême.

 

Mais je crois qu'en fait, j'ai plutôt pris ce livre au second degré. Finalement, j'ai été plutôt amusé. Il faut dire que les défauts des personnages qui s'expriment sont tellement poussés à l'extrême, que s'en est caricatural. Tous ceux qui s'expriment sont lâches, égoïstes, vénaux, colériques, revanchards, torturés, menteurs... et les émotions qu'ils éprouvent, au lieu de les rendre plus forts, rendent leurs défauts encore plus flagrants. On passe ainsi entre autres de l'écrivain auto-centré (le père de Valentine) à la femme pleurni-dépressive (la belle-mère), du caillera de banlieue (le cousin) à la tombeuse d'hommes riches (la mère biologique). Et vraiment, chaque portrait est fait au vitriol, pour mon plus grand plaisir.

 

Il n'y a cependant pas que ça dans ce roman. Quant plusieurs personnages s'expriment, c'est aussi l'occasion de capter leur point de vue, d'avoir leur version de l'histoire et à quel point leurs intérêts sont divergents,  alors qu'ils vivent ensembles et se cotoient au quotidien. Ainsi, une claque donnée prend une importance démesurée pour celle qui la reçoit et n'est qu'un détail même pas mentionné par celle qui la donne. Et il faudra attendre que ce soit Valentine qui parle pour que toutes les pièces du puzzle soient réunies.

 

Le dernier point qui m'a marqué est le dénouement final. Il y a une grande maîtrise de Virigine Despentes dans la manière dont elle arrive à faire monter la tension. On comprend ce qui va arriver, mais on en prend la pleine mesure et les conséquences que lorsque cela arrive. Mais chut, je ne voudrais pas gâcher le suspens pour ceux qui ne l'ont pas lu.

 

Cette lecture est donc une bonne surprise pour moi, qui me donne envie de lire dans le futur d'autres titres de cette auteure.

 

*****

 

Première phrase : "Il n'y a pas si longtemps de ça, j'avais encore trente ans."

 

Ce livre a obtenu le prix Renaudot en 2010.

 

Les avis sur Babelio.

 

Apocalypse bébé / Virginie Despentes. - Grasset, 2010.

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 17:58

american darling banks Hannah Musgrave a 59 ans quand elle décide de retourner en Afrique pour savoir ce que sont devenus ses fils. Cette fermière, qui vit seule entourée de ses employées, a en effet derrière elle une vie bien remplie, qu’elle s’emploie à dissimuler.

 

Dans les années 1970, bien qu’issue d’une famille aisée et fille d’un psychologue pour enfant très connu, Hannah était une révolutionnaire. Elle a fait partie de The Weather Underground, un groupe projetant de réaliser des attentats sur le sol des Etats-Unis. Repérée et condamnée par contumace, elle finira par trouver refuge en Afrique, poussée par son ami Zack. Elle atterrira d’abord au Ghana, puis elle finira par tenter de reconstruire sa vie seule au Liberia.

 

Ce petit pays est peu connu. Sa création date du XIXème siècle. Après l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis, ce bout de terre a été “offert” aux anciens esclaves pour qu’ils retournent en Afrique, avec tous les problèmes que cela peut entraîner.

 

Hannah est d’abord recrutée par un laboratoire américain. Son travail consiste à réaliser des tests sur des chimpanzés, dont elle envoie les résultats aux Etats-Unis. Ce sera son premier contact avec ses “rêveurs”. Elle finira même par créé un centre d’accueil pour ces êtres qui la fascinent, mais qui au Liberia constituent une nourriture rare et appréciée.

C’est aussi par ce travail qu’elle rencontrera le Docteur Woodrow Sundiata, petit ministre promis à un  avenir politique, qui deviendra son mari et le père de ses trois enfants. Elle vivra des moments heureux avec lui, ainsi que des moments de grande incompréhension. Car si Hannah représente son côté “occidental”, il reste fortement attaché à son clan et à ses traditions.

 

Malgré tout leurs efforts pour être heureux, Hannah et sa famille seront rattrapées par l’Histoire. Et celle du Liberia passe par de grands moments de chaos et de violence…

 

*****

 

Il est difficile de résumer ce roman sans en affadir le contenu. Russel Banks a écrit là une œuvre de haut vol, qui place au cœur d’évènements réels et fictifs une héroïne passionnante.

 

Hannah est en effet un personnage comme on en voit rarement. Complexe et ambigüe, elle est difficile à saisir.

Une fois, elle sera révolutionnaire prête à mettre la société à terre, alors qu’au Liberia, elle sera femme bourgeoise et mère de famille. Elle se laissera porter par les évènements, comme elle insistera auprès du président libérien pour obtenir son centre de protection des chimpanzés. Autant elle laissera ses enfants aux mains de la femme de service, autant elle veillera à ce qu’ils grandissent bien. Froide voire glaciale par moment, elle apportera un soutien sans faille à son mari.

Cette complexité viendra aussi du fait que sa dureté envers le genre humain est compensée par un respect profond pour les chimpanzés.

Ce personnage, qui pourrait être si antipathique, ne peut laisser indifférent. Pour ma part, elle m’inspire même une certaine sympathie par son engagement total dans des causes, son honnêteté envers elle-même et la compassion qu’elle inspire.

 

Ce roman de Russel Banks est aussi un témoignage sur une partie de l’histoire de Etats-Unis, mais surtout sur celle du Liberia. Ce pays, né en 1822, fondée sur une idée qui peut paraître généreuse, a aussi été le premier d’Afrique à obtenir son indépendance en 1847. Pourtant, c’est un pays en proie à la violence, à la ségrégation et à la domination étrangère. C’est une période trouble de son histoire que nous fait découvrir Russel Banks, où les meurtres, les viols et les pillages ont été commis en grands nombres.

Il est triste de constater qu’aujourd’hui, on en entend parler uniquement quand Naomi Campbell vient témoigner au procès de Charles Taylor (qu’Hannah rencontre d’ailleurs) au sujet des Diamants de sang.

 

Quand la fiction raconte de tels évènements, à travers le regard d’un personnage fascinant, je crois que l’on peut parler d’une grande réussite. Et dans tous les cas, American Darling interpellera forcément le lecteur.

 

Plein d’autres avis sur Blog-O-Book.

 

American Darling / Russell Banks ; trad. de l’américain par Pierre Furlan. – Actes Sud, 2005.

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 14:57

sorcieres eastwick upidkeC'est sur le blog de Cathulu (qui parlait de la suite de ce livre, Les veuves d'eastwick) que j'ai découvert qu'avant d'être un film, le titre Les sorcières d'Eastwick avait été un livre. Du coup, je me suis plongé dedans.

 

J'avais en tête la version cinématographique de George Miller, avec un Jack Nicholson ébouriffant et le trio Cher, Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer. Autant vous dire tout de suite que mes souvenirs ne correspondent que très peu avec le livre.

 

*****

 

Soit donc trois amies, Sukie, Jane et Alexandra. Les trois femmes sont des sorcières, qui ont vu leur pouvoir augmenter à Eastwick et surtout après leur divorce. Elles en ont d'ailleurs profité pour transformer leur mari en objet divers.

 

Tous les jeudi soirs, elles se réunissent. Leurs pouvoirs sont alors à leur apogée et elles en profitent pour jouer des tours aux gens "bien-pensants" d'Eastwick. Mais elles savent, elles, que derrière les apparences la réalité est moins belle. Car elles sont les amantes et les confidentes d'hommes mariées. Sorcières et amantes, autant dire que les femmes de la ville ne les portent pas dans leur coeur.

 

Un jour, arrive en ville un homme étrange, précédé de beaucoup de rumeur. Il serait un scientifique, viendrait de New-York et possèderait une fortune immense. Cela semble confirmé par le fait qu'il fait rénover à grand frais une demeure gigantesque mais délabrée. Cet homme, c'est Daryl von Horne.

 

Fascinées ce drôle de personnage, les trois amies vont faire sa connaissance à tour de rôle, avant de le rencontrer chez lui toute ensemble. Elles vont alors laisser parler leurs désirs et leurs fantasmes. Une belle mécanique va se mettre en place à partir de ce moment.

 

les_sorcieres_d_eastwick_remake_tele_3.jpg

 

Elle va cependant se gripper à l'arrivée de deux nouvelles personnes à Eastwick, Jenny et son frère Chris. Ceux-ci sont les enfants du dernier amant de Sukie qui, dans un moment de folie, tuera sa femme avant de se pendre. Un peu par remord, Jenny sera introduite dans leur cercle. Ce geste signifiera la fin et le début de la chute.

 

*****

 

Autant le dire tout de suite, si j'ai bien aimé ce livre, je n'ai aucune empathie pour les trois héroïnes. Quand l'introduction parle de "l'émancipation de l'individu - notamment de la femme", je ne vois que des femmes certes libres mais en partie amères, qui n'utilisent leurs pouvoirs que pour des choses négatives. Le terme de sorcières leur convient parfaitement, malgré quelques soupçons de regrets pour Alexandra.

 

En revanche, le personnage de Daryl von Horne est fascinant. Jack Nicholson est bien sûr pour beaucoup dans l'image que j'ai de lui (encore que la fin du film n'a rien à voir du tout avec le livre). John Updike arrive cependant par de nombreux petits détails à donner une image non-humaine de ce personnage (ce prénom que personne ne retient, cette peau blanche...). Dans ses actes, il arrive, sans que cela se voit, à "casser" le positif de nos trois sorcières. Alexandra ne fait plus de Ninouches, des petites statuettes pleine de féminité, Jane devient violente dans sa manière de jouer de la musique... Et puis le comportement de Daryl avec Jenny poussera Jane, Sukie et Alexandra à agir de manière définitive. Nous le voyons peu, n'avons jamais son point de vue, mais il est la clé du récit.

 

Au-delà des personnages, je ne puis que dire que je ne suis pas insensible au style de John Updike. Ses longs paragraphes m'ont vraiment séduit. Et puis il décrit si bien cette frange de la population middle-class des Etats-Unis, où derrière les apparences la réalité est beaucoup plus sombre. En simplifiant à l'extrême, c'est Desperate Housewives avec un zeste de Harry Potter.

 

Un roman riche et intéressant, qui dans tous les cas ne m'a pas laissé insensible.

 

Malgré tout, je me demande si je ne suis pas passé à côté de quelque chose, quand je lis les avis d'Abige, de Camille G. et de Mango.

 

Les sorcières d'Eastwick / John Updike ; trad. de l'anglais par Maurice Rambaud. - Gallimard, 1986. - Collection Folio.

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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 20:32
silence-on-irradie-christophe-leon.jpgSven, sa petite sœur Siloé et leurs parents vivent près d’une centrale nucléaire. C’est elle qui fait vivre les habitants du village d’à côté.

La sécurité ne semble cependant pas optimale. Par exemple, Sven nage tout les jours dans un lac, où la baignade est censée être interdite. Mais l’eau est chaude et le garçon adore ça. Un beau jour, il perdra ses cheveux d’un coup, en une nuit. Et ils mettront du temps à repousser.

Un jour, la catastrophe arrive : la centrale explose. Siloé et Sven survivent par chance. Effrayés par les secours, ils se cacheront d’eux. Ce n’est qu’apèrs leur départ que les enfants rencontreront le troisième survivant, un handicapé mental léger. De tout le village, ils sont les seuls à être encore en vie.

Cependant, à l’extérieur aussi, on se pose des questions. L’Etat ne donne aucune information et ceux qui veulent témoigner disparaissent rapidement. Deux personnes cependant se dirigent vers le lieu de la catastrophe, pour tenter de comprendre ce qui est arrivé à une personne qui leur est chère…

*****

Christophe Léon arrive très bien à décrire dans ce texte l’ambiance avant et après la catastrophe. On sent bien les négligences qui ont eu lieu et la chape de silence imposée par le gouvernement après l’explosion.

L’effroi que procure ce récit provient du fait qu’on se croirait dans un ouvrage de science-fiction (village isolé, gouvernement totalitaire), alors qu’il fait référence à un évènement dramatique de notre histoire (Tchernobyl) , qui pourrait encore se produire de nos jours.

En tant que bibliothécaire, je me verrais cependant mal proposer ce texte à des ados sans être médiation, bien qu'il soit paru dans une collection qui leur est destinée. En effet, la fin, extraordinaire mais aussi abrupte et brutale, me met mal à l'aise. Aussi je proposerai plutôt ce très bon texte à des adultes.

Silence, on irradie / Christophe Léon. - T. Magnier, 2009. - Collection Roman.
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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 00:00
lumiere-morte-michael-connelly.jpgL'inspecteur Harry Bosch a quitté la police. Il ne possède donc plus le badge qui lui ouvrait toutes les portes et lui permettait de poser toutes les questions. Et pourtant, il n'a pas lâché ses enquêtes.

Maintenant qu'il est "libre", Harry décide de se remettre sur l'affaire Angella Benton. Cette jeune femme, qui travaillait dans une boîte de production, a été assassinée quelques jours avant un hold-up mémorable et mortel qui a eu lieu sur le tournage où elle travaillait.
Pour le fin limier qu'il est, ces deux affaires sont liées. Cela se confirme quand un des flics qui travaillait sur l'enquête lui confie qu'une agent du FBI les avait contactés pour leur informer qu'elle avait repérer quelques choses au sujet des billets volés.

Dès le début, des menaces plus ou moins voilées lui ordonnent de cesser ces investigations. Et ces alertes ne viennent pas de truands, mais d'agences fédérales. Car dans les Etats-Unis post-11 septembre, rien ne doit interférer dans la lutte contre le terrorisme, surtout pas le meurtre d'une femme.

C'est mal connaître Harry Bosch, qui a juré de rendre justice à Angella.

*****

De Connelly, j'avais déjà lu La Blonde en béton. Cette histoire de serial-killer m'avait bien plue. Mais là, j'ai vraiment adoré.

L'histoire tout d'abord est pleine de fausses pistes et de rebondissements. Elle va emmener Harry Bosch dans des zones de ténèbres, que Connelly décrit à merveille. Il restitue vraiment une ambiance glauque, cachée par les paillettes d'Hollywood.
Il dénonce également l'Amérique traumatisée de l'après 11 septembre, qui autorise ses agences d'investigations à être au dessus des lois. Ce n'est plus la justice qui compte, mais la raison d'Etat.

Michael Connelly soigne aussi ses personnages, en créant des êtres pris entre leur devoir, leurs émotions et leurs envies. Derrière les apparences se cachent des hommes et des femmes blessés par la vie, par leur faute ou non.
Le plus humain d'entre eux reste certaiment Harry Bosch, qui dans ce volume cherche à rendre justice à une jeune femme que tout le monde à oublier, tout en cherchant les mots pour dire l'amour qu'il a encore pour son ex-épouse.

Un très bon Connelly, qui me donne envie de découvrir encore d'autres enquêtes d'Harry Bosch.

Plus d'info sur Pol'art Noir.

Lumière morte / Michael Connelly ; trad. de l'américain par Robert Pépin. - Seuil, 2003. - Collection Seuil Policiers.


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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 00:00
joueuse-de-go-shan-sa.gifChine, 1931. La plus grande partie du pays est occupée par l'armée japonaise. Le dernier empereur chinois règne sur la Mandchourie, mais n'a aucun pouvoir.

Au milieu du conflit, nous faisons la connaissance d'une jeune fille chinoise. Issue d'une aristocratie désargentée, elle développe un véritable talent pour le jeu de go, qui demande concentration et anticipation. Sur la place des Milles Vents, elle affronte les autres joueurs en rêvant d'une autre vie. Elle découvrira l'amour, mais sera vite rattrapée par l'Histoire.

L'autre personnage qui s'exprime est un jeune officier japonais. Il est fier de servir son pays, et trouve tout à fait justifiée cette invasion nippone. Pourtant, au fil de son récit, il racontera ses blessures intérieures et ses sentiments qu'il ne peut exprimer.

Alors que rien ne prédestinait leur rencontre, ils feront connaissance sur la place des Milles Vents. Le soldat japonais en mission et la jeune Chinoise se découvriront avec leur jeu respectif...

*****
Les histoire d'amour ne sont pas vraiment mon fort. Pourtant, ce récit m'a vraiment touché.

Je pense que cela est dû en grande partie à l'histoire.
Déjà, je ne connaissais pas cette période historique de l'Asie. Cette guerre et les violences qu'elle a engendrées fut pour moi une triste découverte. Shan Sa décrit en effet assez crûment les scènes de tortures perpétrées par l'armée japonaise.
Cette passion à peine vécue entre deux jeunes gens qui se connaissent à peine m'a aussi beaucoup ému. Sorte de Roméo et Juliette asiatiques, il est bouleversant de voir que les conflits permettent de créer des relations qui n'auraient jamais pu exister autrement, mais qu'ils s'attaquent aussitôt à la détruire.

Mon coup de coeur pour ce roman vient aussi du style sensible et tout en retenu de Shan Sa. Elle a su créer de véritables personnages, avec leurs fêlures et leurs émotions contrariés. Chacun s'exprime en alternance, à chaque chapitre. On s'attache terriblement à l'un et à l'autre, car on devine derrière ces portraits des êtres humains sensibles, portés par les émotions du jeune âge.

Cette lecture a été pour moi une véritable découverte d'un roman fort et intelligent.

Il y a plein d'autres avis sur Internet, dont ceux du Biblioblog, de Karine et de Delphine.

La joueuse de go / Shan Sa. - Grasset, 2001.
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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 00:00
cantique-apocalypse-joyeuse-arto-paasilinna.gifAu seuil de la mort, Asser Toropainen confie une drôle de mission à son petit-fils Eemeli Toropainen. Alors qu'en tant que communiste, il a brûlé des églises toute sa vie, voilà qu'il demande de construire sur ses terres une église en bois copiée sur un modèle du XVIIIème siècle. Bien qu'il soit surpris, Eemeli va accepter pour le rachat de l'âme du vieil homme.

Il va vraiment s'investir dans cette construction, malgré les tracas administratifs. L'église va donc voir le jour, suivie par un sauna et un presbytère, un hameau construit pour les écolos... Au fil du temps, le bâtiment va devenir le centre de vie du village puis de la ville d'Urkonjärvi.
Les habitants et les futurs habitants y vivent en bons termes, chacun apportant sa pierre à l'édifice. Ils remettent au goût du jour la charrue et les boeufs, l'agriculture et l'élevage à l'ancienne... Rien ne manque des techniques de leurs aïeux, y compris les alambiques !

Et les postulants sont nombreux. Car, en ce XXIème siècle, les crises financières et alimentaires succèdent aux guerres. Dans un monde en déroute, où la fin du monde semble pour demain, Ukonjärvi apparaît comme un havre de paix préservé...

*****
N'allez pas croire avec ce résumé qu'il s'agit d'un roman de science-fiction. Il s'agit plutôt d'un ouvrage... d'humour !

Arto Paasilinna a une écriture très particulière. Il raconte avec un côté pince-sans-rire les pires catastrophes. Il imagine un monde en déroute, où l'état Finlandais préfère se faire payer en nourriture qu'en argent et où New-York disparaît d'une drôle de manière. Et malgré l'horreur de cette situation, qu'est-ce qu'on rigole !

La naissance et la croissance de cette communauté est également très amusante. Il faut dire qu'il peuple Ukonjärvi de personnages hauts-en-couleurs, avec un véritables caractères. De l'apprenti Taneli Heikura (qui montera petit à petit dans la hiérarchie du village) au médecin Seppo Sorjonen (qui redécouvre la chirurgie cardiaque sur un ours), tous ont des comportements qui ne peuvent laisser de marbre.

Il est évidemment impossible de raconter toutes les scénettes qui composent ce récit. Elles se succèdent et permettent de suivre l'évolution de la vie autour de l'église et comment la communauté s'organise progressivement.

Dans ce roman paru en 1992, on ne peut s'empêcher en plus d'y voir une prophétie. La fin du monde tel que nous le connaissons débute en effet par une crise financière. Et par les temps qui courent, l'utopie d'Ukonjärvi paraît bien apaisante.

Cet auteur m'a été conseillé par une collègue et je n'ai pas été déçu par ce titre. Je vais donc suivre ses recommandations, et prévois de lire Petits suicides entre amis, qui est paraît-il encore meilleur.

Les avis de Keisha, Laurent, MichelH.

Le Cantique de l'apocalypse joyeuse / Arto Paasilinna ; trad. du finnois par Anne Colin du Terrail. - Denoël, 2008. - Collection Denoël et d'ailleurs.
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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 00:00

comment les fourmis m ont sauve la vie lucia nevai Crane est née dans l’Iowa des années 1950. Elle commence plutôt mal sa vie car sa mère a essayé de se débarrasser d’elle pendant sa grossesse. Elle naît donc avec un front difforme, laide et complètement bigleuse. Mais elle a une intelligence phénoménale.

 

Cela ne se remarque pourtant pas dans sa famille. Il faut dire que celle-ci squatte une cabane isolée, et est bizarrement constituée. Il y a d’abord les trois enfants : Little Duck, Jima et Crane. Côté adultes, il y a Big Duck, qui sert de patriarche, mais qui n’est le père que de Jima. Puis Flat, la mère de Jima, sèche et pétrie par la religion. Puis Tit, qui est la mère de Little Duck et de Crane, belle femme qui se prostitue.

 

C’est au milieu de ce cadre que Crane grandit, protégée par sa sœur Jima. Ensembles, elles regardent les trains, les étoiles et le maïs qui pousse dans les champs voisins. La faim, l’absence de scolarité et le froid sont quand même là pour rappeler qu’ils vivent chichement, dans la pauvreté et la crasse.

 

Pourtant, un jour, la civilisation va les rejoindre. Un homme aura l’idée de creuser un lac à côté, d’y construire une marina puis un lotissement. Si les enfants se plaisent à avoir des voisins, les adultes ont plus de mal, jugés par les nouveaux arrivants. Jusqu’au jour où, suite au départ de Tit, la famille éclatera.

 

Crane, séparée de tout le monde, commencera une nouvelle vie, d’abord au couvent, puis chez Ollie. Autant dire tout de suite, que malgré son intelligence, elle aura encore quelques épreuves à surmonter. Heureusement, les fourmis sont là…

 

*****

 

Ce livre m’a attiré car, après avoir lu le résumé en diagonal, j’ai retenu les mots “sioux”, “difforme” et “intelligent”, ce qui m’a tout de suite rappelé Le premier qui pleure a perdu d’Alexis Sherman. Autant vous dire que j’étais loin du compte…

 

L’histoire de Crane ne m’a d’abord pas palpité. Tout juste intéressé. Je me demandais si avec une enfance aussi terrible, ce personnage, malgré qu’elle soit un génie, s’en sortirait. Et puis, quand elle est séparée de sa famille, je n’ai plus pu lâcher le livre.

 

Car l’histoire de Crane, toute misérable qu’elle soit, n’est jamais sordide. Tout imbécile que soit Big Duck, il ne les bat pas. Puis, après son placement, il y a malgré son apparence, des gens pour l’apprécier et la soutenir. Elle réussit aussi très très bien dans les études. C’est donc le récit d’une ascension, de quelqu’un dont l’avenir est fragile, mais qui arrive à s’en sortir malgré tout ce qu’elle traverse.

 

Il y a bien quelques bizarreries. Par exemple, Crane s’intéresse à la forme de ses merdes (j’aurais pu dire “selles”, mais “merdes” est plus proche du style de l’auteure). Il y en a d’autres, mais je ne veux pas trop en dire pour ne pas gâcher la surprise.

Cela étant, elle raconte sa vie avec tant d’auto-dérision qu’on lui pardonne. Elle-même se compare physiquement à Benjamin Franklin, et elle fait quelques remarques pince-sans-rire sur ses proches qui m’ont fait rire.

Et puis, son histoire n’est vraiment pas commune, faite d’avancées et de retours en arrière, de choix mûrement réfléchis et d’impulsions.

 

J’ai donc vraiment apprécié cette histoire d’une vie pleine de heurts, mais que Crane nous raconte tellement bien, sans misérabilisme et avec une pointe d’humour, qu’on aurait envie de l’accompagner plus loin.

 

L’avis de Sylde et celui moins enthousiaste d’Esmeraldae.

 

Comment les fourmis m’ont sauvé la vie / Lucia Nevaï ; trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise Adelstain. – Ed. Philippe Rey, 2009.

ISBN 978-2-84876-146-6 : 18 euros.

 

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

Ce livre a été lu dans le cadre de l’opération Masse Critique. Merci à Babelio pour le travail mené autour de ce projet et de la chance offerte aux blogueurs.

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 23:00
Après avoir vu le film, j'ai eu très envie de lire le livre. Je ne le regrette absolument pas.

Le scénario est le même, à quelques différences près. Si je ne me trompe pas, les principales sont le fait qu'Anita Vanger soit décédée dans le film, alors qu'elle vit à Londres dans le livre ; les souvenirs d'enfance de Mikael qui n'apparaissent pas dans le livre ; et l'agression de Mikael qui est différente dans le livre.

En dehors de ces détails, point de grande divergence. Par contre, le livre est beaucoup plus riche et fournit beaucoup plus de détails. En vrac, je peux citer les éléments fournis sur le journal Millenium (le titre de la série prend plus de sens avec le livre), l'explication détaillée de l'affaire Wennerström, la relation de Mikael avec Erika Berger et les relations de Lisbeth avec Dragan Armanskij...

C'est donc avec grand plaisir que je me suis plongé dans cette intrigue policière. J'ai été très content d'avoir vu le film car l'enquête concernant Harriet et l'action ne débute que largement après le premier tiers du livre. Mais comme je connaissais déjà les grandes lignes et que les détails étaient plus nombreux, cela ne m'a pas du tout dérangé.

J'ai trouvé que l'histoire était très bien écrite et que Stieg Larsson a réussi à maintenir le suspense tout du long, tout en nous offrant de beaux rebondissements. Une réussite qui m'a offert un bon moment de lecture. J'ai d'ailleurs entamé le deuxième volume.

 

MAJ du 14/09/2009 : L'avis de Ulaz.

Millenium 1 : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes / Stieg Larsson, trad.du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain. - Actes Sud, 2006. - Collection Actes noirs.

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6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 23:00
Kim Lange est une célèbre animatrice de télévision. Elle est arrivée à ce résultat en écrasant quelques têtes et en négligeant son mari et sa fille.

Et ce soir, c'est SON soir. Elle a reçu une récompense pour son travail et elle a couché avec le beau Daniel, présentateur lui aussi à la télévision. Mais Kim ne va pas en profiter longtemps : écrasée par le lavabo d'une station spatiale, elle meurt sur le coup.

Et qu'elle n'est pas sa surprise quand elle se réveille... dans le corps d'une fourmi ! Bouddha, qui est là pour lui expliquer la situation, lui apprend qu'elle a été réincarnée dans ce corps car elle n'a pas amassé assez de bon karma dans sa vie. Il lui faut maintenant en gagner pour se réincarner dans des êtres plus évolués.

Ce n'est donc pas gagné pour Kim, qui n'a qu'une envie : retrouver sa vie d'avant et surtout sa famille. Elle va donc tout mettre en oeuvre pour gagner du bon karma...

*****

Habituellement, je ne suis pas fan de chick-litt, et ce roman m'y fait fortement penser. Pourtant, je dois avouer que j'ai passé un agréable moment durant sa lecture.

Le début est certes un peu laborieux. La mort de Kim Lange m'a beaucoup fait pensé à l'excellente série télévisée Dead like me (où là, c'est carrément la lunette des toilettes qui tue l'héroïne).

Je me suis ensuite laissé petit à petit entraîner par les réincarnations successives de Kim, sa mauvaise foi et surtout son compagnon. Car elle va rencontrer un drôle d'ami à travers ses réincarnations : Casanova. Celui-ci a en effet été réincarné en fourmi suite aux péchés qu'il a commis. Et il n'a toujours qu'une seule envie : séduire les femelles !

Un bon roman donc, sans rien d'exceptionnel, mais recommandé pour rire et se détendre.

L'avis de Fremalo et celui très enthousiaste des Fondus de lecture.
MAJ du 07/09/2009 : L'avis de Ulaz.

Maudit karma / David Safier ; trad. de l'allemand par catherine Barret. - Presses de la cité, 2008.

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